Que le président égyptien Abdel Fatah al-Sisi de ne soit pas en mesure d’empêcher les attaques terroristes islamiques surprises contre les chrétiens égyptiens, les coptes est une chose, mais que dire des discriminations de la part du gouvernement vis à vis des coptes? Zoom sur la vie des chrétiens chez les arabes en 2018.
Récemment, un tribunal a condamné 19 musulmans à une peine d’un an avec sursis pour avoir attaqué une église non enregistrée près de Gizeh le 22 décembre dernier. A l’époque, des dizaines d’émeutiers musulmans s’étaient rassemblés devant le bâtiment; ils l’ont finalement pris d’assaut, y ont « détruit le contenu de l’église et agressé les chrétiens à l’intérieur ».
Sur la base de cette condamnation, les accusés ne sont pas tenus de purger leur peine à moins qu’on ne les y reprenne. D’autre part, un défendeur chrétien copte a été condamné à une amende de 360 000 livres égyptiennes (l’équivalent de 20 383 dollars) pour la mise en place de l’église non autorisée. La logique de la Cour est que, utiliser un bâtiment non enregistré pour en faire un Eglise, devient la source du problème. Le Copte devient entièrement responsable des conséquences et notamment de l’agression qu’il a subi des émeutiers musulmans.
Pour obtenir « un permis d’église » en Egypte est cent fois plus difficile que pour obtenir un permis de mosquée … Cette logique se poursuit lorsque les coptes essaient simplement de rénover une église, alors que dix mosquées ouvrent chaque semaine. En d’autres termes, si le gouvernement ne rendait pas la création de lieux chrétiens difficiles, les coptes n’auraient pas besoin de recourir à des maisons privées et à des bâtiments non enregistrés.
Ce n’est pas le premier incident du genre à illustrer le deux poids deux mesures des autorités égyptiennes. Les attaques musulmanes contre les coptes réunis dans des maisons privées ou qui utilisent des bâtiments non enregistrés pour prier sont des événements courants.
Le pire est que les fonctionnaires locaux sont généralement du côté des émeutiers.
L’été dernier, dans le village de Kom al-Loufy à Minya, où quelque 1 600 Coptes essayaient depuis cinq ans d’ouvrir une Eglise, les Musulmans, chauffés à blanc par l’imam local, se sont déchaînés dans le village, brûlant des maisons chrétiennes, suite à une rumeur selon laquelle les Coptes utilisaient une de leurs maisons comme lieux de culte.
Après avoir attendu 44 ans, les chrétiens de Nag Shenouda ont reçu les autorisations nécessaires pour construire une église en 2015. Selon un rapport, les musulmans locaux se sont alors déchainés sur l’hotel d’adoration temporaire que les coptes avaient établi. En réponse à cela, un chrétien de la même ville, a essayé d’organiser un service religieux chez lui, la meute musulmane l’a attaqué physiquement.
En l’absence de lieu de culte, les chrétiens de Nag Shenouda ont du fêter la Pâques dans la rue.
Autre cas, après des années d’attente, les chrétiens du village de Gala ont finalement reçu l’autorisation de restaurer leur église délabrée.
Peu de temps après, les musulmans du village ont lancé des pierres sur les maisons, les entreprises et les personnes chrétiennes. Les fermes de blé appartenant à des chrétiens ont été détruites et leurs récoltes de pommes de terre déracinées. Les slogans islamistes habituels ont été criés: « Islam! Islam! » et « Il n’y a pas d’autre dieu qu’Allah! »
Une autre église en construction dans le village de Swada, Minya, a été attaquée par une foule composée d’au moins 400 musulmans (peut-être incités par les autorités locales, pas moins). Après l’attaque, et bien que l’église ait obtenu les permis nécessaires pour la construction, elle fut fermée par les mêmes fonctionnaires.
Bien qu’ils représentent environ 35% du village de Swada, les 3 000 chrétiens coptes ne disposent pas d’une seule église pour les servir.
Comme dans le cas le plus récent de Gizeh, les juges musulmans n’ont donné aux vandales musulmans et aux émeutiers qu’une «tape sur la main», forçant les victimes à payer des pénalités et pour les « responsables » une peine de prison.
Ces cas évoqués sont confirmés par la World Watch List 2018, qui a classé l’Égypte au 17ème rang des nations chrétiennes. Il est constaté que « les fonctionnaires à tous les niveaux, du local au national » sont « fortement responsables » de « l’oppression » des chrétiens égyptiens. « Le gouvernement », ajoute le rapport, « agit également comme un moteur de la persécution à travers son incapacité à défendre les droits des chrétiens et aussi à travers des actes discriminatoires qui violent les droits fondamentaux des chrétiens ».
Alors que les autorités elles-mêmes sont parfois les persécuteurs – comme lorsque des soldats musulmans ont battu à mort plusieurs soldats chrétiens en raison de leur foi en juillet 2017 – ils fonctionnent plus souvent comme des facilitateurs, permettant à une culture d’impunité de prospérer. Tout ceci pose de nouveau la question suivante: il peut être compréhensible qu’al-Sisi ne puisse pas éliminer le terrorisme puisque les terroristes agissent subrepticement «dans l’ombre».
Mais est-il possible de croire qu’il ne peut rien faire au sujet de ses propres fonctionnaires (de la police et des autorités locales aux chefs de département et aux juges des tribunaux) qui persécutent les coptes sous son nez?
Source: meforum.org