Le président du Parlement libanais, Nabih Berri, rejette la proposition américaine d’une ligne de démarcation maritime entre Israël et le Liban.
Nabih Berri a rejeté, vendredi 16 février 2018, la proposition de Washington d’une frontière maritime entre Beyrouth et Jérusalem.
« Ce qui est proposé est inacceptable », a déclaré Berri,lors d’une réunion avec le secrétaire d’État adjoint américain par intérim, David Satterfield, et l’ambassadrice américaine en poste à Beyrouth, Elizabeth Richard.
Après avoir entendu la proposition de la délégation américaine, Berri a insisté que la frontière maritime doit être décidée par la commission tripartite (Liban, Israël, ONU) issue de l’accord de cessez-le-feu de 1996 avec par ailleurs un processus similaire à celui qui a servi en 2000 à délimiter la frontière terrestre entre les deux pays.
Récemment, le ministre israélien des Affaires militaires a avertit que le bloc 9 sur la Méditerranée dans la région appartient aux israéliens . Ces déclarations ont suscité un tollé des responsables libanais.
Qualifiant de « provocation », ce geste d’Israël, le président Michel Aoun a parlé de « menace » pour le Liban.
Suite à l’escalade de tension entre Beyrouth et Jérusalem, le secrétaire d’État américain, Rex Tillerson, et son adjoint, David Satterfield, ont proposé une médiation.
Il s’agirait d’une référence à la ligne de démarcation maritime proposée par le diplomate américain Frederic Hof en 2012, qui donnerait au Liban le contrôle d’environ deux tiers du triangle maritime au cœur du contentieux, contre environ un tiers de la zone au profit d’Israël.
Mais le bureau de Nabih Berri a tout de suite annoncé son opposition à ce plan. Les libanais veulent s’approprier des ressources israéliennes appuyés par le groupe terroriste chiite du Hezbollah.
Réagissant, vendredi 16 février, à ces évolutions, le Secrétaire général du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah, a qualifié de « malhonnête » la médiation proposée par Washington appelant les autorités libanaises à faire preuve de fermeté face à ce dossier.
Satterfield a rencontré hier vendredi outre Nabih Berri, le Premier ministre Saad Hariri et le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, à Beyrouth.
Liban-Israël, vers une guerre d’hydrocarbures ?
Le Hezbollah utilise ces dernières semaines un langage plus menaçant et offensant contre Israël. Cela témoigne d’une connivence au Liban sur un nouveau projet de guerre contre les Israéliens. La grande haine que portent les dirigeants libanais vers Israël a alors poussées à oublier, quoique temporairement, leurs différends pour se concentrer sur Israel.
En même temps le Hezbollah jette de l’huile sur le feu, en proférant des menaces directes et indirectes contre Israël. Il a mobilisé tous ses moyens pour justifier l’éclatement d’un nouveau conflit sur les lignes frontalières avec les Israéliens.
Les agissements du Hezbollah relevant dans ses capacités militaires, révélées notamment à quelques pas des frontières avec Israël, ont aujourd’hui plus que jamais inquiétés les autorités militaires et politiques en Israel.
Le chef d’état-major de l’armée israélienne, Gadi Eizenkot, à l’instar du Premier ministre, Benyamin Netanyahu et son ministre des Affaires militaires, Avigdor Lieberman, ont averti le Liban et plus particulièrement le Hezbollah.
Alors que les autorités israéliennes s’apprêtent à défendre le pays, en cas d’une éventualité de conflit avec le Liban, le mouvement terroriste libanais se concentre à nouveau sur ses activités au sud du Liban. Après ses combats dans la guerre avec Daech en Syrie, la milice chiite réfléchit maintenant à renforcer sa posture dans son fief.
En dehors des inquiétudes de Jérusalem face aux capacités de combat du Hezbollah libanais, un nouveau sujet est apparu ces dernières semaines: celui des hydrocarbures dont le Liban veut commencer très prochainement l’exploitation.
Après l’annonce par la compagnie américaine Noble Energy, de la découverte d’un gros gisement gazier de 453 milliards de m3 au large des trois pays, Israël, le Liban et Chypre, Jérusalem revendique à présent ses droits, tandis que le Liban prétend que ces ressources énergétiques se trouvent dans ses eaux et que pour cette même raison, il ne reconnaît pas les droits des Israéliens.
Réagissant à la convoitise libanaise vis-à-vis des richesses énergétiques israéliennes, Jérusalem a affirmé la semaine dernière qu’elle ferait face de manière décisive à toute atteinte aux droits pétroliers et gaziers d’Israël dans le sens de la protection de sa richesse énergétique. Avigdor Liebermana dit que l’Est de la Méditerranée renfermant d’énormes quantités d’hydrocarbures appartenait à Israël.
En représailles, le Liban a mis en garde contre toute décision de reconnaître les droits israéliens d’exploiter dans les eaux de la Méditerranée.
Sur le sujet contentieux des gisements énergétiques, comme d’habitude, le gouvernement et le Hezbollah libanais ont été sur la même longueur d’onde. En riposte aux déclarations du ministre israélien des Affaires militaires, selon lesquelles le bloc 9 du champ gazier offshore du Liban appartient à Israël, le président Michel Aoun affirme qu’elles équivalaient à une menace contre le Liban.
« Les allégations de Lieberman remettent en question le droit du Liban à établir sa souveraineté sur ses eaux territoriales », a-t-il indiqué.
Le mois dernier le ministre israélien des Affaires militaires avait fait savoir à la conférence au sein de l’Institut d’études de la sécurité nationale (INSS) à Tel-Aviv que le Liban, dans son intégralité, paierait le prix lourd de l’ « implantation de l’Iran ». « Une prochaine guerre ne sera pas comme la précédente avec le Liban en 2006», a-t-il dit. Il a bien entendu signalé que la création d’une unanimité internationale contre l’Iran pourrait éloigner le péril d’un nouveau conflit militaire avec le Liban.
De son côté, le chef d’état majeur de l’armée israélienne avait tiré la sonnette d’alarme sur la capacité militaire du Hezbollah et sa puissance balistique dans la région.
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